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Les Gens d’Ici – Élise Fougère, co-créatrice de La Fermière et l’Épicurien

Avant d’être paysanne, Elise était graphiste. Et parce que le monde d’aujourd’hui nous interroge, derrière l’écran de son ordinateur, Elise était frustrée, presqu’en colère. Alors, un jour elle a choisi. Elise a changé de vie.

Avec son conjoint Xavier, ils ont quitté la ville pour un champ fertile au milieu d’une forêt où comme dans la chanson, non loin coule un ruisseau et où les plantes sauvages se cueillent à pleines mains si l’on apprend enfin à les apercevoir.

Il y a deux ans ils ont lancé « La Fermière et l’Epicurien ». Aujourd’hui ils vivent de leurs récoltes. De leurs convictions avant toute chose.

Rencontre.

Elise, tu t’es lancée il y a deux ans dans ce projet de production de plantes aromatiques et médicinales avec ton conjoint Xavier. Quelle est votre démarche ?

C’est un projet de vie avant tout. À partir du moment où nous avons pris la décision radicale de devenir paysans, et que nous avons tout mis en route pour y arriver, la vie nous a indiqué le chemin à prendre. Des choix, des rencontres, et après 20 ans sur la Côte Basque, nous nous sommes donc retrouvés à Castagnède (près de Salies-de-Béarn) sur un terrain unique et exceptionnel de 6ha au milieu de la forêt. Notre démarche, c’est d’essayer de vivre de ce métier, mais aussi et surtout de préserver la biodiversité de cet endroit, sans travail du sol et sans aucun traitement chimique. 

Qu’est-ce qui t’a poussé à franchir le pas de changer de mode de vie ?

J’étais graphiste indépendante et je passais mes journées derrière un écran et… j’ai disjoncté. Je ne me sentais plus du tout en accord avec la façon dont je voulais vivre et mes convictions. Et aussi malheureuse de ne pas offrir autre chose à notre fille Jeanne.

Xavier, lui, a été journaliste dans la presse surf pendant 20 ans, mais sur les deux dernières années, il rentrait quotidiennement frustré à la maison. Nous nous sommes rendus compte que nous avions beaucoup trop de colère en nous et qu’il fallait agir plutôt que de râler.

Il a fallu, vous former, apprendre. Peux-tu nous parler de ce parcours avant d’entreprendre la culture ?

Avant de faire le grand saut, je me formais par correspondance aux métiers de l’herboristerie. Puis, j’ai passé mon BPREA (diplôme pour devenir exploitante agricole). Xavier a, quant à lui, fait une formation de design en permaculture et surtout, il s’est énormément documenté sur Internet ou via des livres. Notre formation se poursuit sur le tas, et continuera sûrement toute notre vie, car c’est un domaine où l’on apprend tous les jours quelque chose de nouveau.

Alors concrètement, qu’est-ce que vous y cultivez ?

Il y a la partie des plantes aromatiques et médicinales comme le thym, du basilic en tout genre, de la mélisse, verveine, mauve, bleuet, rose, marjolaine, origan, etc. Et aussi une partie maraîchage destinée en grande partie à de la transformation : tomate, piment, courge, concombre, courgette, melon, physalis, etc. Nous avons aussi installé un verger diversifié avec des pommiers, poiriers, cerisiers, pêchers, abricotiers, pruniers et des feijoa. Il y a aussi une autre partie très importante de notre activité, c’est la cueillette sauvage. Nous récoltons beaucoup sur les zones non cultivées de notre terrain, entre prairie et forêt. Il nous arrive aussi d’aller en montagne.

Vous vendez des plants au printemps, peux-tu nous en parler ?

Étant donné que nous produisons nos propres plants, nous nous sommes équipés d’une serre horticole. Donc de mars à juin, la serre est pleine à craquer de plants de légumes, de fleurs et d’aromates. C’est une période de l’année où il y a peu de récolte, cela nous laisse donc le temps de développer cette partie que j’affectionne beaucoup. Nous sommes heureux de contribuer au bonheur des jardiniers amateurs.

Vous élaborez aussi une gamme de produits…

Oui, nous produisons des tisanes, des huiles, vinaigres et sels aromatisés, des pestos, coulis de tomate, tomates cerises confites. Le tout en agriculture biologique bien évidemment. L’idée est de nous diversifier et de produire des petites quantités de chaque en assurant une super qualité. La gamme est vouée à s’agrandir et surtout à s’adapter à ce qui veut bien pousser chez nous !

Comment les vends-tu principalement ?

Nous sommes sur le marché de Salies-de-Béarn et nous approvisionnons des magasins coopératifs comme Larrunkoop (Urrugne et Ciboure) et Hendaiakoop (Hendaye). Nous débarquons bientôt chez L’Epicier Bio à Bayonne. Nous souhaitons aussi collaborer cette année avec des restaurateurs. Il y a aussi bien sûr de la vente directe, et il faut absolument que nous fassions notre site de vente en ligne ! Mais c’est trop dur de retourner derrière un ordinateur…

Ça se passe comment une journée chez la Fermière et l’Épicurien ?

Ça dépend et c’est très varié. Nos journées ne se ressemblent jamais ! La plupart du temps, on ne sait même pas ce qu’il va se passer… Soit on sème, soit on plante, soit on s’aime, soit on s’occupe du sol, soit on construit, soit on répare, soit on est dans une cuisine pour transformer nos produits, soit on se lève tôt, soit on se lève tard, soit on fait une journée de 14 heures, soit on fait une sieste crapuleuse, soit on va aider un ami agriculteur, soit on amène Jeanne à l’école, soit les copains/copines débarquent pour nous aider, etc. En tout cas, cela fait deux ans que ça dure et on ne s’en lasse pas.

Ça ressemble à ce que vous aviez imaginé ? Il y a t-il des instants de découragement… ? De grandes joies aussi…

C’est encore mieux que ce que l’on avait imaginé. On découvre une autre part de nous-mêmes, on relève des challenges tout le temps. Des moments de découragement ? Eh bien pas encore ! C’est certes parfois rude et ingrat, mais le fait d’être dehors toute la journée, cela change pas mal les choses : on contemple, on observe, on découvre et on comprend. Enfin, on croit comprendre ! Une chose est sûre, on fait partie d’un grand tout et ça, c’est plutôt merveilleux.

Ce confinement a poussé les producteurs à envisager de nouveaux modes de fonctionnement pour assurer le lien avec le consommateur, quel a été le vôtre ?

En à peine dix jours, le relais paysan Lekukoa s’est mis en place pour organiser des drives sur tout le Pays Basque. Puis, nous avons beaucoup communiqué sur les réseaux sociaux et cela a très bien fonctionné pour les plants. C’était une grosse logistique pour nous, mais au final un gain de temps énorme comparé au temps passé habituellement sur les marchés. On recommencera l’année prochaine, avec ou sans virus !

Quel regard portes-tu sur cet élan solidaire et ces modes de consommation « alternatifs » ?

C’est merveilleux de voir de plus en plus de monde concerné par sa façon de consommer. Faire son marché ou aller directement chez les producteurs est très contraignant pour les actifs et on a pu voir pendant le confinement que dès que tout le monde peut prendre le temps de vivre, il est possible d’éviter les grandes surfaces. C’est à nous, paysans et producteurs, de faciliter encore plus ces modes de consommation.

Si demain je vous disais que je voulais me lancer, quels conseils me donneriez-vous ?

Elise : Croire en ses rêves, ne pas se laisser décourager par les peurs des autres, avoir un bon brin de folie et un mari qui a les pieds sur terre, pouvant se transformer en machine agricole. Rêver grand, mais y aller petit à petit. Être prêt à s’adapter à toutes les situations.

Xavier : De lire des livres qui traitent de l’acceptation et du lâcher prise… Et d’observer, observer et encore observer. La théorie est utile, mais rien ne remplace l’observation sur le terrain.

 

Infos La Fermière et l’Épicurien
64270 Castagnède

Point de venteEpicier Bio au Forum à Bayonne, Hendaiakoop, Larrunkoop et d’autres à venir.
Facebook @La fermière et l’épicurien
Instagram @la_fermiere_et_lepicurien

Emmy Martens

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